Pourquoi les femmes ingénieures sont-elles toujours aussi peu nombreuses en 2023 ?
16 Janvier 2023
Les
poules auront-elles des dents avant que l'on atteigne (enfin) la parité
femme-homme parmi les ingénieurs ? Peut-être, au regard de la stagnation
des effectifs d'étudiantes dans ces cursus en France. C'est ce que nous montre
la nouvelle édition du baromètre de l'Observatoire des Femmes Ingénieures,
publiée par l'association du même nom chaque année depuis plus de vingt ans.
En
France, 24 % des ingénieurs sont des femmes, soit 242.810 sur environ un
million d'ingénieurs en activité. Cette non-parité semble inéluctable puisque
seulement 30 % des étudiants ingénieurs sont des étudiantes. Une
proportion qui stagne depuis presque dix ans.
C'est
le constat que dresse (de nouveau) l'association Femmes Ingénieures dans son
analyse annuelle* publiée ce jeudi 12 janvier 2023 et révélée en
exclusivité par Les Echos Start. Pour tenter d'inverser la tendance, elles
organisent une semaine plus tard, jeudi 19 janvier 2023, la seconde
édition du Forum Métiers « Ingénieur. e ? C'pour moi ! »
qui aura lieu sur la plateforme de réalité virtuelle des Arts et Métiers.
Objectif :
renforcer la féminisation du métier déjà timidement amorcée. Les ingénieurEs de
moins de 30 ans représentent désormais 29 % des femmes ingénieures. Elles
sont 34 % à avoir entre 30 et 39 ans. Leurs aînées sont, elles, moins
nombreuses (23 % pour les femmes entre 40 et 49 ans et 14 % pour les
femmes entre 50 et 64 ans).
Résultat,
le secteur reste majoritairement masculin. Les femmes ingénieures exercent
principalement dans les secteurs de l'industrie (35 %), des activités
tertiaires (35 %) et dans les sociétés de services et d'édition de
logiciel (13 %) (voir le graphique ci-dessous). Dans ce dernier domaine,
ainsi que dans l'agriculture, la sylviculture, l'eau et la dépollution, elles
sont même plus nombreuses que les hommes. Le hic : ces métiers sont
également moins rémunérateurs.
Des
écarts salariaux importants
Car
les écarts de salaires subsistent aussi dans ce nouveau panorama. Le salaire brut
médian annuel des femmes ingénieures est de 50.100 euros, alors que celui
des hommes est de 58.900 euros, soit 18 % de plus.
Dans
les fonctions de direction générale - les plus rémunératrices - l'écart
salarial en fonction des genres est criant, avec une différence moyenne de plus
de 30 % en faveur des ingénieurs hommes. Ces postes sont parmi les deux
activités les moins représentées chez les femmes ingénieures alors qu'ils sont
dans le top 4 des activités qui emploient le plus d'ingénieurs en France.
Mais
ces écarts tendent à se réduire. En 2019, la moitié des femmes ingénieures
gagnaient moins de 49.700 euros, tandis que ce palier était de
60.120 euros pour les hommes, soit 21 % de plus. Une réduction de
l'écart de 3 points de pourcentage en deux ans.
Décrochage
en fin de carrière
Si
le salaire médian à l'embauche entre les hommes et les femmes est presque
similaire, l'écart se creuse au fil des carrières. A 50 ans, il est de
77.900 euros pour les femmes contre 90.200 euros pour l'ensemble des
ingénieurs. C'est aussi dans cette tranche d'âge que le décalage se réduit
néanmoins le plus vite, avec 10 points de pourcentage acquis en 2021, par
rapport à 2019.