Près des deux-tiers des mères rencontreraient plus de difficultés que
les pères pour accéder aux 1 % des emplois les mieux rémunérés, a révélé
une nouvelle étude, publiée par l'Insee le jeudi 18 juin. Le document
pointe également du doigt les inégalités persistantes de temps de
travail.
Entre charge mentale et risque accru d'accident cardiaque, les femmes ont subi de plein fouet les effets du confinement. Si les inégalités entre les femmes et les hommes ont pu être exacerbées par le télétravail, analysait récemment le docteur en économie Benoît Meyronin dans les colonnes de Forbes,
ces écarts persistent de manière plus globale. Une nouvelle étude de
l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee),
basée sur des données de 2017 et publiée le jeudi 18 juin, pointe du
doigt les inégalités salariales, hiérarchiques ou de temps de travail entre les sexes.
Le document évoque notamment la probabilité pour les mères de famille
d'accéder aux 1 % des emplois les mieux rémunérés. Et le résultat est
accablant. Elles ont en effet 60 % moins de chances que les pères de
famille d'occuper ces postes. De fait, les inégalités d’accès aux
emplois les mieux rémunérés sont beaucoup plus importantes entre les
mères et les pères qu’entre les femmes et les hommes sans enfant. La
probabilité d'accès des femmes sans enfants à ces emplois est, elle, de
30 % inférieure à celle des hommes sans enfants. Les inégalités
salariales pour les parents en équivalent temps plein (EQTP) - pour un
même volume de travail - sont, par ailleurs, très marquées parmi ceux
qui ont plusieurs enfants, indique l'étude.
Des disparités liées au nombre et à l'âge des enfants
La rémunération d'une mère de deux enfants est inférieure de 21 % à
celle d'un père de deux enfants. À partir de trois enfants, une femme
gagne en moyenne 31 % de moins qu'un homme. L'écart salarial entre une
mère et le père d'un enfant s'élève à 12 %, contre 7 % pour les femmes
et les hommes sans enfants. L'Insee évoque également le volume de
travail - les femmes étant plus souvent à temps partiel que les hommes -
comme facteur d'inégalités salariales accrues pour les moins diplômées,
les plus jeunes et les mères d'enfants en bas âge.
Dans le secteur privé, la rémunération des femmes était en moyenne, en
2017, de 28,5 % inférieure à celle des hommes. Plus de 40 % de cet écart
provient des inégalités de temps de travail, précise l'étude. Selon le
document, les femmes occupent des emplois moins variés et sont
confrontées au plafond de verre lorsqu'elles entendent gravir les
échelons. Ainsi, en 2017, 22,8% des postes occupés par les hommes
correspondaient à des emplois de cadre, contre 17,5% pour les femmes.
Inégalités croissantes tout au long de la carrière
Les inégalités salariales se ressentent également lorsque l'on compare
l'expérience professionnelle et le nombre de diplômes des salariés. Ceux
qui sont titulaires d’un Bac+3 gagnent un salaire net moyen annuel en
EQTP de 50.851 euros pour les hommes contre seulement 35.896 euros pour
les femmes. Après trente ans d’expérience professionnelle, l’écart de
salaire est de 21,7% entre les sexes. En 2017, pour le même poste,
l’écart de salaire moyen en EQTP entre les femmes et les hommes se situe
autour de 5,3% dans le secteur privé. Les inégalités de salaire sont
faibles au début de la vie active, mais s’accroissent tout au long de la
carrière, démontre ainsi l'étude.
L'Insee précise que le champ de cette étude n'inclut pas les salariés
agricoles, apprentis, stagiaires et salariés dont le ou les employeurs
sont des particuliers. Le document s'achève néanmoins sur une note
positive. Selon l'Institut, les inégalités seraient en diminution
constante depuis quarante ans. Après 1976, l'écart entre les salaires
moyens d'employés à temps complet diminue de 0,3 points, en moyenne,
chaque année. Après 2000, cette diminution passe à 0,4 points par an.
Reste qu'en 2017, 80 % de la population à temps partiel était féminine.
Source : Le Figaro