Patricia Barbizet, une patronne pour les grands patrons


Patricia Barbizet, une patronne pour les grands patrons
@Le Monde
  • 04 Juin 2023

L'ancienne éminence grise de François Pinault sera la première femme à prendre les rênes de la puissante Association française des entreprises privées le 1er Juillet. Capable de composer avec n'importe quel gouvernement, la sexagénaire n'aurait qu'un seul défaut: ne pas diriger un fleuron du CAC 40. 

Avoir trois frères, cela vous prépare à vivre dans un univers d’hommes. A 68 ans, Patricia Barbizet a maintes fois eu l’occasion d’en faire l’expérience. L’ancienne éminence grise du milliardaire François Pinault, dont elle a contribué à bâtir l’empire dans la distribution puis le luxe (groupe Kering) pendant près de trente ans, s’apprête à prendre, le 1er juillet, la tête du lobby des grands patrons, l’Association française des entreprises privées (AFEP). Sorte de Medef du CAC 40, plus discret mais plus influent, et tout aussi masculin.

Patricia Barbizet sera la première femme à présider ce puissant cénacle, fondé en 1981 pour défendre les grandes entreprises après les nationalisations, succédant à Laurent Burelle, 73 ans, président du groupe industriel Plastic Omnium, qui le dirigeait depuis 2017. « J’aime beaucoup l’AFEP », dit-elle de sa voix rieuse, débit accéléré et œil brillant, installée au premier étage du Floreoù elle donne ses rendez-vous du matin.

Elle s’engage aussitôt dans un exposé langue de bois, parsemé de « trucs » et de « machins », sur la gouvernance vertueuse des grands groupes français – elle préside un comité sur le sujet. Glisse qu’elle vient de prononcer un discours sur ce thème « à l’Institut » [de France]. Assure que le Programme d’investissements d’avenir lancé par Nicolas Sarkozy, qu’elle a accepté de superviser, en 2018, à la demande d’Edouard Philippe, alors premier ministre, « marche très bien ». Tout en légèreté, Patricia Barbizet, endosse naturellement l’habit de porte-parole des grands patrons, version sympa.

Entre le monde de la culture et des affaires

« Marraine »« baronne »« reine des affaires »« femme d’influence »… A en juger par les portraits flatteurs dont elle fait l’objet, Patricia Barbizet fait l’unanimité. Elle est aussi très occupée : peu de conseils d’administration, de cercles d’influence, d’institutions culturelles, et même de régulateurs où elle n’ait posé un moment ses valises en quatre décennies de vie professionnelle. Elle a siégé au conseil de Bouygues, de Gecina, d’Air France, d’Axa
et de TotalEnergies (où son mandat s’est récemment terminé), et est administratrice chez Pernod Ricard, à la CMA CGM et, dès juillet, à ArcelorMittal.

Présidente de la Philharmonie, on la retrouve au conseil de l’Opéra de Paris, à la Réunion des musées nationaux, au Siècle, influent cercle de réflexion qu’elle a dirigé, au Women’s Forum, au conseil de la place financière parisienne Paris Europlace et au conseil de l’ordre de la Légion d’honneur… « Je l’aurais davantage vue ministre qu’à l’AFEP », analyse le conseiller des patrons Alain Minc. Elle s’amuse d’être plus âgée que la plupart des dirigeants de l’association, ce qui lui donne, pense-t-elle, une certaine autorité. Elle y a longtemps représenté la famille Pinault, avant de quitter les deux, simultanément, en 2018. Depuis, ses relations avec les Pinault père et fils se sont, dit-on, rafraîchies.

 

Source : Haiti 24


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