Bien que les femmes se soient taillé une place dans le paysage entrepreneurial au Québec, elles demeurent moins nombreuses que leurs confrères à se lancer en affaires. Qu’est-ce qui cloche au juste dans notre écosystème ?

« Il y a vraiment de la place pour les femmes dans le milieu entrepreneurial. Mais il y a certains facteurs qui font en sorte qu’elles sont moins présentes », souligne Josée Desjardins, gestionnaire de projets en entrepreneuriat féminin chez Startup Montréal.

L’une de ces difficultés est l’accès au financement, affirme M^me Desjardins. « C’est démontré que les femmes ont beaucoup de difficulté à y accéder. Le financement, c’est le nerf de la guerre pour toutes entreprises qui démarrent, surtout dans le milieu des start-up », explique-t-elle, en citant en exemple l’étude menée par le Boston Consulting Group en 2018 portant sur l’écart d’investissement entre les hommes et les femmes. Selon leur analyse, lorsqu’une cheffe d’entreprise présente ses idées à un groupe d’investisseurs dans le but de recevoir des fonds, le montant finalement alloué est moindre que celui reçu par un homme. Cette différence se chiffrerait à un million de dollars en moyenne, alors que les compagnies appartenant à la gent féminine génèrent pourtant plus de revenus, indique cette étude.

« Au niveau canadien, seulement 3 % de tout le capital de risque est investi dans des entreprises qui sont entièrement dirigées par des femmes, et 17 % dans des entreprises codirigées par des femmes et des hommes », constate pour sa part Sévrine Labelle, directrice générale du Lab Excelles de la Banque de développement du Canada (BDC).

Une aide qui propulse

Afin d’inciter plus de femmes à se diriger vers le monde entrepreneurial, la BDC et Startup Montréal ont tous les deux mis en place des initiatives visant à les accompagner dans le processus de démarrage d’entreprise. « Fondatrices, c’est un programme de pré-accélération, indique Josée Desjardins. Donc, nous, on agit vraiment en amont de tout ce qui est accélérateurs, incubateurs. L’objectif du programme, c’est de passer de l’idée à l’action. On leur donne différents outils, que ce soit par des ateliers, par des activités ou par des mises en relation avec un mentor », ajoute-t-elle, précisant que Fondatrices a été créée par Startup Montréal en 2018 pour augmenter le nombre de femmes en entrepreneuriat.

Quant à la BDC, le Lab Excelles fonctionne avec un fonds de 100 millions de dollars. C’est « d’abord et avant tout un laboratoire d’innovation. Donc, c’est un lieu au sein de la BDC qui est en relation avec les partenaires de l’écosystème pour innover dans notre façon d’amener du capital d’investissement entre les mains des femmes. Le fonds nous permet d’investir dans des entreprises dirigées par des femmes qui viennent répondre à certains de nos plus importants enjeux sociaux », résume M^me Labelle.

« C’est important de travailler en collaboration avec tous les acteurs et toutes les actrices de l’écosystème entrepreneurial. On voit beaucoup de belles initiatives émerger un peu partout au Québec et au Canada. C’est quand on s’entraide qu’on devient beaucoup plus forts dans l’écosystème. Et on est plus en mesure aussi de répondre aux besoins des entrepreneuses », ajoute-t-elle.

Source : Le Devoir