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Une nouvelle étude de l’UIP et de l’Union parlementaire africaine (UPA) révèle que le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont omniprésents dans les parlements du continent africain.
Il s’agit de la deuxième d’une série d’études régionales de l’UIP, qui fait suite à un rapport de 2018 sur les parlements d’Europe.
D’après cette étude sur l’Afrique :
Un sexisme à caractère épidémique
L’étude de l’UIP/UPA repose sur des entretiens confidentiels menés auprès de 224 femmes travaillant dans les assemblées parlementaires de 50 pays africains, ainsi qu’une assemblée parlementaire sous-régionale.
Au total, 137 femmes parlementaires ont été interrogées, soit environ 5 pour cent du nombre total de femmes parlementaires sur le continent (on compte 2 834 femmes parlementaires en Afrique, soit à environ 23 pour cent du total mondial, selon les chiffres de 2020 de l’UIP).
Ce rapport confirme de nombreux résultats obtenus lors de l’étude initiale décisive menée à l’échelle mondiale en 2016, qui a fait apparaître pour la première fois des niveaux élevés de violence fondée sur le genre dans l’ensemble des parlements.
Le Président de l’UIP, M. Duarte Pacheco, a déclaré : “Les conclusions font apparaître un sexisme insidieux à caractère épidémique dans les parlements d’Afrique. Le sexisme à l’égard des femmes menace les parlements, car il dissuade les jeunes femmes d’entamer une carrière politique. Celles d’entre elles qui aspirent à changer le monde grâce à la politique risquent notamment de se décourager. Nous avons besoin de la présence de ces jeunes femmes dans les parlements pour garantir des institutions démocratiques fortes et représentatives”.
Le Président de l’UPA, M. Mohamed Ali Houmed, a déclaré pour sa part : “Il doit y a voir une tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence faites aux femmes dans les parlements. Il incombe à nos institutions et à l’ensemble des parlementaires, hommes et femmes, d’agir d’urgence afin de mieux prendre en compte les questions de genre”.
La Vice-Présidente de l’UIP, Mme Adji Diarra Mergane Kanouté, a expliqué que “Cette étude braquait les projecteurs sur une triste réalité qui appelle une action immédiate de notre part. Les parlements doivent être des espaces sûrs pour les femmes et les hommes, et plus particulièrement pour les jeunes femmes. Nous devons condamner toutes les formes de violence à l’égard des femmes dans les parlements, et travailler ensemble, hommes et femmes, en partenariat, afin de mettre en place des mécanismes pour aider les femmes à faire entendre leur voix.”
Les femmes des parlements africains subissent davantage de violences sexuelles
A l’instar de la nouvelle étude sur l’Afrique, les précédentes études de l’UIP montrent que les femmes parlementaires subissent les mêmes niveaux de harcèlement et de sexisme dans le monde entier.
Néanmoins, avec un taux d’incidence de 39 pour cent, le niveau de violence sexuelle à l’égard des femmes parlementaires en Afrique est considérablement plus élevé que dans les parlements d’Europe (+14 points de pourcentage) de même qu’au niveau mondial (+17 points de pourcentage).
S’agissant du personnel parlementaire, le taux d’incidence est encore plus élevé, avec 46 pour cent des répondantes qui déclarent avoir subi des violences sexuelles contre 41 pour cent en Europe.
L’étude suggère que cette situation est en partie due aux contextes politiques, sociaux, culturels et religieux dans lesquels les femmes parlementaires vivent en Afrique. Par exemple, selon le Armed Conflict Location and Event Data Project, depuis 2018, l’Afrique a enregistré le plus grand nombre de cas de violences sexuelles liées aux conflits.
Les hommes parlementaires sont les principaux auteurs des violences
L’étude montre que les collègues parlementaires de sexe masculin sont les principaux auteurs de toutes les formes de violence touchant les femmes qui travaillent dans les parlements d’Afrique.
En ce qui concerne le harcèlement sexuel subi par les femmes parlementaires, les collègues masculins des partis politiques rivaux sont responsables de 49 pour cent des cas, suivis de près par les collègues masculins du même parti dans 41 pour cent des cas.
Le personnel parlementaire est également concerné
L’étude révèle également que 45 pour cent des femmes membres du personnel parlementaire qui ont été interrogées ont été harcelées sexuellement au travail.
Parmi celles-ci, 69 pour cent ont subi des violences psychologiques, et 18 pour cent ont reçu des demandes de faveurs sexuelles de collègues parlementaires.
Les parlements ne sont pas toujours des espaces sûrs
La plupart des actes de sexisme, de harcèlement ou de violence révélés dans cette étude ont été perpétrés dans l’enceinte même des parlements.
C’est le cas pour 83 pour cent des actes de harcèlement sexuel, 78 pour cent des comportements sexistes et 40 pour cent des actes de violence physique signalés par les femmes parlementaires.
Les attaques en ligne sont également fréquentes, mais moins qu’en Europe (58 % des participantes dans l’étude européenne contre 46 % en Afrique). Cette différence peut être en partie attribuée aux plus grandes disparités qui existent entre les deux régions concernant l’accès des femmes à Internet.
Les parlements peuvent contribuer à changer les choses
Le rapport contient également des mesures pratiques sur la façon dont les parlements peuvent éliminer le sexisme et la violence à l’égard des femmes dans les parlements.
Parmi ces mesures, il convient de citer l’adoption de politiques parlementaires à l’interne pour lutter contre le sexisme, la mise en place d’espaces confidentiels où les victimes peuvent demander conseil, la création de mécanismes indépendants, sûrs et équitables pour la réception et le traitement des plaintes, et les activités de formation à l’intention de toutes les personnes présentes dans les parlements afin qu’elles puissent reconnaître et éliminer la discrimination et la violence fondées sur le genre.
Pour souligner l’importance de ces mesures, le rapport cite les progrès réalisés dans plusieurs parlements d’Afrique :
Adoptée en 2017, la loi tunisienne sur la violence à l’égard des femmes reconnaît la violence politique comme une forme de violence à l’égard des femmes.
Le Manuel de politique des ressources humaines du Parlement ougandais, paru en 2019 et rédigé par sa Commission parlementaire, décrit en détail ce qui constitue le harcèlement sexuel, en donnant des exemples précis de cas de harcèlement sexuel physique et verbal.
La politique de genre à l’intention des fonctionnaires du Parlement de la Sierra Leone est en vigueur depuis 2019 et contient une définition large du harcèlement sexuel sur le lieu de travail qui englobe les comportements inconvenants.
En Afrique du Sud, en 2006, le parlement a mis en place une politique relative au harcèlement sexuel qui s’applique à l’ensemble des employés et des assistants parlementaires.
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L’Union interparlementaire (UIP) est l’organisation mondiale des parlements nationaux. Lorsqu’elle a été fondée il y a maintenant plus de 130 ans pour encourager la coopération et le dialogue entre toutes les nations, c’était la première organisation politique multilatérale à voir le jour. Elle compte aujourd’hui 179 Parlements membres et 13 organismes parlementaires régionaux. Elle œuvre pour la démocratie et aide les parlements à se renforcer, se rajeunir, se rapprocher de la parité hommes-femmes et à représenter la population dans toute sa diversité. Elle défend aussi les droits de l’homme des parlementaires par le biais d’un comité de parlementaires issus de toutes les régions du monde et dévoués à cette cause. Deux fois par an, elle convoque plus de 1 500 délégués parlementaires et partenaires à une assemblée mondiale afin d’apporter une dimension parlementaire à la gouvernance mondiale et notamment aux travaux de l’ONU, ainsi qu’à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Source: Union interparlementaire