The Sorority, l’application qui vient en aide aux femmes en danger


The Sorority, l’application qui vient en aide aux femmes en danger
@Dirigeantes, leadership au féminin
  • 24 Octobre 2023

Apparue dans les stores il y a plus de trois ans, elle permet de relier des personnes qui se sentent isolées à d’autres qui entendent apporter leur soutien. 

La libération de la parole des femmes passe aussi par le numérique. Alors que le débat autour des violences sexistes et sexuelles est devenu central avec l’avènement du mouvement MeToo, Priscillia Routier-Trillard a créé en 2019 une application mobile gratuite, nommée The Sorority, visant à «rompre l'isolement des femmes et des personnes issues des minorités de genre au quotidien». Responsable des opérations, il y a quelques années, dans une grande entreprise française spécialisée dans le Cloud, elle décide de se lancer dans l’aventure après un second burn-out. Ayant eu un besoin vital d’aider les autres, après ses ennuis de santé, elle dessine un nouvel outil. Dont l’ambition est de lutter contre «divers facteurs psychologiques» qui sont «activés dans les cas d'agression ou de situation de violence». À savoir «l'effet de sidération» et «l'effet témoin».

L’objectif est clair : inverser cette sidération et «la déporter sur les épaules de la personne qui agresse». Initiée en version bêta lors du premier confinement, l’application apparaît sur les stores en septembre 2020. Trois ans plus tard, sur 200.000 demandées d’entrée, 70.000 femmes ont un profil vérifié. Ouverte à partir de 12 ans depuis cet été, après l’autorisation d’un représentant légal, The Sorority compte parmi ses utilisatrices, des femmes majoritairement âgées de 15 à 35 ans. Elle se vante d’ailleurs d’être «devenue la première communauté d'entraide au monde». Dans leurs recherches, une chose restera sûre : il n’y a aucun homme. Afin d'éviter l’irruption d'un harceleur ou d'un ancien conjoint violent, les femmes qui souhaitent s'inscrire doivent effectuer un selfie en temps réel et fournir une pièce d'identité. L'application étant façonnée donc comme un réseau social, chaque personne a la possibilité de choisir une image en profil.

Avec ces dizaines de milliers d’utilisateurs, comment fonctionne l’application ? Elle permet de relier les personnes qui se sentent isolées et celles qui entendent apporter leur aide. «Si on est suivi dans les transports ou en soirée, on peut activer un bouton d’urgence, et à partir de ce moment-là, il y a cinquante prises de contacts avec les personnes proches géographiquement», détaille Priscillia Routier-Trillard. Trois options sont mises en place pour ce faire : une carte, pour avoir une «aide de proximité ou encore la mise à disposition d'un lieu sûr pour fuir au plus vite» ; une recherche, «pour trouver à tout moment du soutien, une écoute attentive et bienveillante» ; un chat ou un appel pour obtenir une aide immédiate.

Un prochain partenariat gouvernemental

Les personnes appelées peuvent ainsi prévenir les autorités pour celles qui sont en danger. Ou intervenir directement sur le lieu de l’agression. «L'idée, c'est que les victimes se disent : Je sais que je ne suis pas seule.”» Des dispositifs nécessaires pour permettre à chaque femme de se sentir protégée dans l’espace public, et d’agir contre les violences conjugales. Pour fidéliser sa base, The Sorority propose par ailleurs chaque mois une session d'entraînement «qui permet aux personnes d'avoir de bons réflexes», indique la fondatrice de l'application. Qui précise que l'application est aussi disponible pour les Français de l'étranger, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères. «Il y a des milliers de kilomètres entre nous et nos proches. Il peut y avoir une dépendance financière, affective, avec une personne violente, et on a peu de personnes à qui parler», pointe-t-elle.

Quid de la suite maintenant ? «On attend de signer une convention avec le ministère de l’Intérieur. Ce qui nous permettra d’être reconnues dans les commissariats et les gendarmeries», ajoute Priscillia Routier-Trillard. Par ailleurs, la jeune femme travaille depuis quelques mois avec les sociétés de transports, qui la contactent pour anticiper toute agression physique ou verbale, à l’aune notamment des Jeux Olympiques à l’été 2024. «Une enquête interne, au sein de nos utilisatrices, a montré que de 93,9% des femmes se sentait en sécurité dans les transports, grâce à l’application», fait valoir Priscillia Routier-Trillard. Et d’ajouter : «Avec la RATP, on a commencé les échanges et j’ai bon espoir que l’on puisse collaborer prochainement.»

 

Source: AFP


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