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67% des femmes travaillant dans la tech ont le sentiment d’être injustement payées par rapport à leurs homologues masculins, d'après une enquête réalisée dans le cadre du Web Summit 2022. Un constat qui alourdit le mauvais bilan de la parité dans le secteur.
Cette année, seules 14 femmes
sont aux manettes d’une des start-up lauréates du French Tech 120, et on ne
compte aucune femme PDG au sein du Next 40. Voilà une illustration concrète de
la très forte masculinité du secteur français de la tech. Une
sous-représentation féminine qui s’accompagnerait d’inégalités salariales...
Selon une étude de l’Organisation internationale du travail diffusée le mois
dernier, en moyenne, dans le monde, les femmes gagnent 20 % de moins que les
hommes à poste égal. Un bel écart, qui se creuse significativement lorsque l’on
se concentre sur le secteur de la tech en Europe.
À l’approche du Web Summit, qui se tiendra la semaine prochaine (du 1er au 4 novembre 2022) à Lisbonne, la société irlandaise organisatrice de l’événement a publié une enquête sur l’égalité des sexes dans le secteur de la tech. Un état des lieux intéressant bien que loin du sondage scientifique, notons le, puisqu’il s’appuie sur 340 réponses à une enquête envoyée par mail à la communauté Women in Tech du Web Summit.
Cela étant dit, le constat de
cette enquête est sans appel… 67% des femmes travaillant dans la tech ont le
sentiment d’être injustement payées par rapport à leurs homologues masculins.
Plus déplorable encore, près d’une sur deux (49,5%) a été victime d’actes ou de
remarques sexistes sur son lieu de travail au cours des douze derniers mois et
environ la même proportion (46%) ne se sent pas respecté dans son rôle par ses
pairs.
Autres enseignement : de nombreuses femmes travaillant dans le secteur
technologique (plus de 60%) ont l’impression de devoir travailler plus dur pour
prouver leur valeur par rapport à leurs confrères et près de 30% se sentent
obligées de choisir entre carrière et famille. Résultat positif tout de même, à
la question "Y a-t-il une femme à un poste de cadre supérieur dans votre
entreprise ?", 81% ont répondu oui.
L’absence de parité dans le secteur de la tech s’explique en partie par le fait que les femmes soient moins nombreuses à choisir la voie du numérique, les filières de formation STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques). La proportion de femmes diplômées exerçant dans le secteur est de 17% selon la dernière étude Gender Scan 2022 du cabinet Global Contact. Ainsi, pour les entreprises, la difficulté à embaucher des femmes se pose dès le recrutement.
Cela n'a pourtant pas toujours été le cas. A ses débuts, le secteur de l'informatique comptait au contraire beaucoup de femmes, mais étrangement, les générations suivantes ont été découragées d'y faire carrière.
Mais alors comment faire en sorte qu’il y ait davantage de femmes dans le secteur français de la tech ? Et quelles soient plus équitablement payées ? Campagne de communication pour susciter des vocations, role models, congés parentaux plus longs ou mieux indemnisés, amélioration du système d’accueil des enfants ?
Plus difficile, changement
des mentalités ? Oui car les principales intéressées sont 71% à dire que les
préjugés sexistes sont le principal vecteur de ces inégalités (sans doute le
plus difficile à éradiquer). Elles sont 55,6% à mentionner le syndrome de
l’imposteur, une tendance psychologique au doute permanent qui donne aux
personnes qui en souffrent le sentiment de ne pas mériter leurs réussites et la
crainte d’être comme "démasquées". Troisième enjeu, abordé par plus
de la moitié des femmes interrogées (55,3%), la difficulté à concilier
exigences familiales et carrière.
28,8% des répondantes pensent qu’il faut créer ou durcir les quotas , une
solution intéressante avec laquelle il faut tout de même être prudent, puisque
toujours selon l’enquête de Websummit, 50% des entrepreneuses de la tech
pensent que de nombreuses femmes se voient offrir des postes de direction juste
pour remplir des quotas.
En
mai dernier, 69 entreprises faisant partie du Next 40 ou du French Tech 120 ont
signé un pacte visant à atteindre le seuil minimal de 20 % de femmes siégeant
au board des start-up d'ici 2025 et 40% d'ici 2028. Aucune sanctions ne sont
prévues si ces objectifs ne sont pas respectés...
Deloitte Global prévoyait qu’en 2022, les grandes entreprises technologiques
mondiales atteindraient en moyenne 33 % de représentation féminine. C’est un
peu plus de 2 points de pourcentage de plus qu’en 2019.
Source : l’usinedigitale