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Située sur la corne de
l’Afrique, l’Ethiopie est un pays peuplé de 105 millions d’habitants selon la
Banque Mondiale. Les femmes constituent près de la moitié de cette population
soit plus de 50 millions d’habitantes. Mais jusqu’ici les postes des hautes
sphères de l’Etat étaient occupés uniquement par les hommes. A cause du poids
de la tradition, les femmes étaient confinées au « second rôle » et ne pesaient pas beaucoup sur les décisions et
la gestion de l’Etat. Mais ça c’était avant l’arrivée de ABIY AHMED aux
commandes du pays.
Depuis son accès à la
Primature en avril 2018, le nouveau Premier Ministre a lancé un mouvement
inédit de féminisation du Gouvernement et de certains postes clés de l’Etat. Dans
ce pays très conservateur, les initiatives du Premier Ministre Ethiopien en
faveur de la promotion des femmes bousculent les mœurs et ont un impact
médiatique énorme à l’international.
Tout commence par la
nomination d’un Gouvernement paritaire de 20 membres le 16 octobre 2018 avec l’accès
des femmes à la tête des ministères régaliens et stratégiques. Une première
dans l’histoire du pays. Sur les 10 femmes ministres, on compte des poids
lourds comme AISHA MOHAMMED, la nouvelle Ministre de la Défense et première
femme a occupé ce poste. Le très stratégique Ministère de la Paix, nouvellement
créé, qui chapeaute la Police Fédérale et les Services de Renseignement, a été
confié à une autre femme, MUFERIAT KAMIL.
Par ailleurs, c’est
l’écrivaine féministe, défenseure de l’égalité des genres et spécialiste en
communication BILLENE ASTER SEYOUM qui a été nommée Attachée de Presse du
Premier Ministre. C’est aussi une femme, BIRTUKAN MIDEKSA, qui a été promue à
la tête de la Commission Electorale dont la mission est d’assurer le succès des
élections prévues en 2020. La nouvelle Directrice de cette Commission Electorale
a la particularité d’être une importante figure de l’opposition qui a vécu près
de sept ans en exil aux Etats-Unis.
Le 25 octobre, SAHLE-WORK ZEWDE a été désignée
par les parlementaires pour prendre la Présidence de l’Ethiopie. Malgré le côté
honorifique de ce poste, il n’en demeure pas moins qu’elle est la Première
Femme à devenir Présidente de l’Ethiopie faisant ainsi sauter un plafond de
verre.
Le 1er novembre, MEAZA ASHENAFI
faisait sauter un autre verrou en devenant la première femme Présidente de la
Cour Suprême suite à sa nomination par le Premier Ministre. Cette Avocate
spécialiste du Droits des Femmes est aussi la fondatrice de l’association
éthiopienne des femmes juristes. MEAZA ASHENAFI est également la Cofondatrice
et Présidente du Conseil d’Administration de ENAT BANK, la première banque
dédiée aux femmes en Ethiopie et dont 64 % des 7 400 actionnaires sont des
femmes.
Fin
novembre, le Gouvernement a également lancé la campagne « Jegnit » qui signifie Héroïne en
Amharique, la langue nationale. L’objectif de cette initiative des autorités
éthiopiennes est de favoriser l’autonomisation des femmes et le respect de
leurs droits.
Une féminisation des
hautes sphères de l’Etat pour promouvoir la paix et lutter contre la corruption
Face à cette dynamique sans précédent, de promotion des femmes à des postes de pouvoir, lancée par le Premier Ministre ABIY AHMED, on peut naturellement s’interroger sur ses motivations. Il a répondu que « les femmes étaient moins corrompues que les hommes et qu’elles contribueraient à instaurer la paix. » L’Ethiopie est actuellement confrontée à des tensions inter-ethniques et a lancé un vaste mouvement de lutte contre la corruption. Le Premier Ministre compte donc sur les éthiopiennes pour réussir ces deux défis.