Noura Borsali
19 août 1953-14 novembre 2017
Cette syndicaliste, féministe, journaliste et universitaire tunisienne
est devenue syndicaliste dans son berceau. En effet, c’est la fille de
Tahar Borsali, l’un des fondateurs de l’UGTT (Union générale des
travailleurs tunisiens) en janvier 1946 et membre de son Bureau exécutif
jusqu’en 1954, et de Saïda Ben Hafidh, cadre de l’organisation des
femmes de la centrale syndicale. Noura obtient une maîtrise de
littérature française de l’université de Tunis en 1977, puis un DEA de
sémiologie de Paris VII deux ans plus tard. Au lieu de faire carrière en
France, elle choisit de rentrer en Tunisie où elle devient professeur
de lycée. Elle adhère aussitôt au Syndicat de l’enseignement secondaire
au sein d’une UGTT qui s’oppose régulièrement au père de l’indépendance,
Habib Bourguiba. À partir de 1980, en parallèle, elle débute une
carrière de journaliste, collaborant aux journaux indépendants Le Phare, Réalités, Le Maghreb.
Devenue professeur d’université, elle est membre du Club culturel Tahar
Haddad, s’occupant spécialement de la condition féminine et du cinéma
libre. C’est ainsi qu’en 1991, elle fonde le magazine féminin La Maghrébine
qui sort sans autorisation officielle. La condition de la femme au
travail y est régulièrement abordée. Membre de la Ligue tunisienne des
droits de l’Homme et d’Amnesty international Tunisie, elle est à la fin
de sa vie présidente de la Fondation tunisienne Femmes et Mémoire. Avec
la révolution de jasmin de 2011 qui chasse Ben Ali, elle lance le Forum
Citoyen Tunisiens Indépendants. Elle entre aussi en tant qu’indépendante
sans parti à la « Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique » de mars à octobre 2011. En mai 2014, elle est élue à l’instance « Vérité et Dignité » de l’Assemblée constituante, dont elle claque la porte avec fracas dès novembre.
Madeleine Parent
23 juin 1918-12 mars 2012
Cette syndicaliste et féministe québécoise commence en 1936 des études
de sociologie à l’université McGill et milite pour le droit de vote des
femmes canadiennes. Le 1er mai 1942, elle adhère au syndicat « Unions Ouvrières »
où elle organise le syndicat des ouvriers et ouvrières du textile (les
femmes étant majoritaire dans ce secteur). Elle y organise les grandes
grèves de 1946. Elle est arrêtée le 13 août 1946, puis une deuxième fois
avec son compagnon, Kent Rowley, pour conspiration communiste ayant
entraîné des grèves, le 19 mai 1947. Après moult recours, elle est
acquittée en 1955. En 1952, elle quitte le Québec pour l’Ontario où avec
Rowley, ils fondent la Confédération des syndicats canadiens en 1965,
une confédération beaucoup plus revendicative que les syndicats
historiques du pays.
À la mort de son compagnon en 1978, elle revient au Québec où elle appelle à voter « Oui »
au référendum sur l’indépendance de 1980. Retraitée depuis 1983, elle
va continuer son combat pour le droit des femmes dans le monde du
travail, la reconnaissance des Amérindiens et l’aide aux immigrés.
Fanny Perkins
10 avril 1880-14 mai 1965
Fanny-Frances Perkins n’est pas à proprement parler une syndicaliste,
mais les syndicats américains et la classe ouvrière lui doivent
beaucoup. La révolution sociale du New Deal, c’est elle !
En 1929, la folie spéculative des banquiers et autres financiers a
plongé le pays, puis le monde, dans une des plus graves dépressions et
préparé le terrain à la Seconde Guerre mondiale. En février 1933, le
Démocrate F. D. Roosevelt est élu président. Pour sortir le pays de
l’ornière, il va lancer le plus grand plan de relance de l’histoire : le
New Deal. Mais pour ce faire, il doit museler le capitalisme
sauvage le plus débridé à l’origine de la crise. Il décide donc de
s’appuyer sur les syndicats. Il organise et facilite la liberté de se
syndiquer et combat les syndicats « jaunes »
mis en place par le patronat et bien souvent la mafia. En 1933, le taux
de syndicalisation américain est de seulement 9%, en 1945, il avoisine
les 35%. Il décide de nommer au ministère du Travail F. F. Perkins, une
première dans l’histoire du pays. Il s’agit d’une femme à poigne,
titulaire d’un master de sciences politiques, suffragette engagée, ayant
longtemps travaillé dans le milieu associatif pour l’amélioration des
conditions de travail et l’aide aux femmes et enfants pauvres. À 50 ans
passés, elle débarque à la Maison blanche pour son premier entretien
avec le nouveau président, son programme à la main, qu’elle tend à
Roosevelt : assurance chômage, salaire minimum, réduction du temps de
travail, protection de la santé au travail, service public de retraite,
abolition du travail des enfants, grands travaux publics.
Roosevelt lui aurait répondu : Rien de comparable n’a jamais été fait avant aux États-Unis. Vous le savez n’est-ce pas ?
. Et, en grande partie, ils l’ont fait !
Source : FO