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Pour encourager les jeunes filles à choisir des études scientifiques et susciter davantage de vocations d’ingénieures, Bercy a appelé lundi à faire évoluer les jouets, jugés trop genrés.
Des fillettes qui jouent à la poupée et des garçons à des jeux d’action : autant de stéréotypes de genre qui freinent, plus tard, les vocations scientifiques des jeunes femmes et expliquent le faible pourcentage d’ingénieures estime le gouvernement. Pour y remédier, la secrétaire d’État à l’Économie Agnès Pannier-Runacher a appelé lundi la filière jouets à agir. « Les jeux scientifiques »doivent être « aussi attractifs pour les filles que les pour les garçons », a-t-elle déclaré à l’issue d’une rencontre à Bercy avec des professionnels du secteur et des associations de consommateurs.
Moins d’un tiers d’étudiantes dans les écoles d’ingénieurs
Toutes les images de petites filles « qui sont liées à des représentations d’ingénieurs, de chimistes, de scientifiques n’ont rien de naturel culturellement aujourd’hui », a-t-elle poursuivi. « Dans un magasin, la première question qu’on vous pose après vous avoir demandé quel âge a l’enfant pour son cadeau, c’est ‘est-ce que c’est une petite fille ou un petit garçon ?' », au lieu de s’enquérir de ses centres d’intérêt, a dénoncé la ministre regrettant que dans le monde des jeux, « la petite fille naturellement est dans un univers bien tenu où elle a accès à tout ce qui est « éléments de la maison », et le petit garçon est projeté plutôt vers l’extérieur, dans un certain nombre de jeux souvent associés à l’action, voire à assumer des responsabilités ».
Alors que 46,5 % des élèves de terminale S étaient des filles en 2016-2017, elles représentaient moins d’un tiers (27,2%) des effectifs des écoles d’ingénieurs à la rentrée 2017-2018 et moins de 10 % dans les écoles du secteur du numérique ou de l’informatique. Au rythme actuel de féminisation, il faudrait attendre 2075 pour obtenir l’égalité femmes-hommes dans ces formations selon une projection du ministère de l’Enseignement supérieur.
Les catalogues de jouets examinés par des associations spécialisées
Pour encourager les vocations dès le plus jeune âge, Agnès Pannier-Runacher a demandé aux professionnels de travailler sur les emballages des jouets, toujours « très genré par les couleurs ou la représentation » sur les boîtes selon elle. L’Union des annonceurs s’est engagée à travailler à une « grille de lecture des préjugés », pour aider à une prise de conscience.
La secrétaire d’État à l’Économie a, en outre, appelé les fabricants à agir sur le contenu des jouets, qui ont un taux de renouvellement très élevé de 40% par an.
Enfin, des distributeurs vont accepter que des associations spécialisées examinent leurs catalogues qui vont bientôt être sous presse pour les fêtes de fin d’année, afin d’y dépister la présence d’éventuels préjugés de genre.
Viviane Le Guen