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Son blocus solitaire était pourtant mal vu de l’immense majorité des sénateurs de son camp, à l’image de la déclaration du chef de la majorité républicaine au Sénat. Retarder la promotion de chefs militaires «est l'une des choses les plus abominables et les plus scandaleuses que j'ai jamais vues dans cette Chambre, en témoigne le fait que personne n'a jamais eu la témérité, le culot de faire cela auparavant», a lancé Chuck Schumer, rappelant par là même que ces nominations font historiquement l’objet de compromis bipartisan au Sénat.
Jeudi, le sénateur de l’Alabama a finalement cédé pour trois votes : en plus de l’amiral Lisa Franchetti, deux autres poids lourds ont enfin été nommés à leur poste, le général David Allvin comme chef d’état-major de l’US Air Force et le lieutenant-général Christopher Mahoney au poste de commandant adjoint du Corps des Marines des États-Unis. Parmi les plus de 400 militaires encore en attente, figurent notamment l’amiral Samuel Paparo, qui doit prendre la tête du «U.S. Indo-Pacific Command» (commandement des forces armées des États-Unis responsable de la région Asie-Pacifique, NDLR) et le vice-amiral James Kilby, qui doit recevoir sa «quatrième étoile» d’amiral et devenir «Vice Chief of Naval Operations», c’est-à-dire commandant-adjoint de l’US Navy, en remplacement, justement, de Lisa Franchetti.
Après avoir obtenu sa «première étoile», elle a commandé les forces navales américaines en Corée du Sud, ainsi que les neuvième et quinzième groupes aéronavals américains. Elle a ensuite été commandant-adjoint des forces navales américaines en Europe puis en Afrique. Lors de son commandement de la Sixième flotte américaine, opérant en mer Méditerranée, elle a de facto dirigé le tir de missiles de croisière Tomahawk sur la Syrie depuis des sous-marins nucléaires d’attaque de classe Virginia, une première dans l’histoire navale des États-Unis. C’était en 2018, sous la présidence de Donald Trump, après l’utilisation par le gouvernement syrien de Bachar al-Assad de gaz sarin contre des populations civiles.
Le 2 septembre 2022, Lisa Franchetti est devenue la deuxième femme à occuper le poste de vice-chef des opérations navales, autrement dit de commandant adjoint de l’US Navy. Le président Joe Biden avait proposé son nom pour occuper la première place le 21 juillet 2023 en remplacement de l’amiral Gilday, dont elle était jusque-là le second. «Premièrement, une femme peut faire cela ; et deuxièmement, la Marine en tant qu'organisation a les bonnes valeurs : elle place la bonne personne au bon endroit pour la bonne raison», avait réagi la vice-amiral Nora W. Tyson, première femme à avoir commandé un groupe aéronaval.
Mariée et mère de famille, l’amiral Franchetti est attachée à la question de l’engagement des femmes dans l’armée. «J'ai ma sphère de travail, ma sphère de mère et de femme, et ma sphère de santé mentale et physique. Quand j'étais plus jeune, je pensais : ’Je peux faire tout ça en même temps !’. Mais, quand je suis devenue plus âgée, j'ai réalisé : 'Ok, cette semaine, je vais me concentrer sur le travail parce que ça va être très chargé'. ’Et la semaine prochaine, je vais prendre un jour de congé et aller au zoo avec ma famille. Il est vraiment important de repenser et de réévaluer vos priorités. Chaque jour, il faut y penser», avait-elle confié au magazine de la Northwestern University.
Une stratégie qui semble avoir fonctionné puisque l’amiral se retrouve aujourd’hui à la tête de la marine de la plus grande thalassocratie du monde, les États-Unis. Les enjeux, pour elle, sont gigantesques : l’US Navy doit faire face à une concurrence jusqu’à peu impensable, face à la montée en puissance de la PLAN, la marine chinoise, qui ambitionne d’égaler la flotte américaine.
Source: AFP