Femmes de l’industrie 2023] Elisabeth Aubert, pionnière pragmatique de la transition écologique


Femmes de l’industrie 2023] Elisabeth Aubert, pionnière pragmatique de la transition écologique
@Usine nouvelle
  • 11 Decembre 2023

Elisabeth Aubert, directrice de la performance environnementale de la division infrastructures d'Engie, est nommé aux Trophées des femmes de l'industrie dans la catégorie "Femme de développement durable". 

«On dit qu’il faut protéger la planète mais en réalité c’est l’humanité qu’il faut protéger. Quand les dinosaures ont disparu, la planète a survécu. Elle se régénèrera. Je me lève tous les matins pour la survie de la biodiversité mais surtout pour celle de l’humanité».Voix douce, fines lunettes, sourire aux lèvres, Elisabeth Aubert, directrice de la performance environnementale chez Engie, s’est fixé un projet d’une ambition démesurée mais qu’elle aborde avec pragmatisme au quotidien depuis le début de sa carrière. Elle ne sert pas des grands discours aux 22 000 salariés et 30 responsable RSE de la division infrastructures d’Engie qu’elle anime.

Au-delà de la bascule vers le biogaz et l’hydrogène, elle a pris son bâton de pèlerin pour les convaincre de s’attaquer à un sujet bien concret : les 1 million de tonnes d’équivalent CO2 des fuites de méthane de sa business unit (l’une des quatre d’Engie). En un an et demi, date de sa prise de poste, Engie a déjà réduit d’un tiers les pertes dans l’atmosphère de ce gaz à l’effet de serre 30 fois plus puissant que le CO2, quasiment l’objectif fixé par le groupe à l’horizon 2030. «J’ai toujours voulu développer une RSE qui ne soit pas que contraintes et reporting mais plutôt un levier d’innovation et de création de business car c’est comme cela qu’on intéresse les gens», témoigne cette ingénieur Chimie Paris Tech de 43 ans.

Chez GRDF il y a près de 20 ans, déjà elle convainc les élus lillois de monter le premier démonstrateur de biogaz pour produire de l’énergie à partir des déchets de la ville. Deux ans plus tard, toujours pionnière, elle met au point avec Alstom une technologie de captage de CO2 sur la centrale à charbon EDF de Vitry. Accréditant au passage la faisabilité de ce qui apparaîtra plus tard comme un indispensable pour atteindre l’objectif net zéro émission.

Premier démonstrateur de captage de CO2

Après avoir développé des solutions bas carbone pour le bâtiment, en 2016, elle est missionnée par Isabelle Kocher, pour former les salariés du groupe à la transition énergétique et aux enjeux climatiques. «Je partais d’une feuille blanche car l’Engie University se mobilisait jusqu’alors surtout sur des sujets de management». Aujourd’hui, sans pouvoir hiérarchique sur son réseau, elle tire sa légitimité de son expérience d’opérationnelle qui comprend les problématiques de terrain. Et aussi de ses connaissances, car consciencieuse, à mi-carrière elle se replonge dans les études pendant 18 mois pour décrocher un master en développement durable de l’Ecole des mines. «Le monde d’aujourd’hui est si complexe et va tellement vite qu’on ne peut pas se satisfaire de la formation qu’on a eu il y a 20 ans», explique cette native du 93, élevée «dans un milieu plutôt modeste». Un pouvoir par les études qu’elle transmet dans des associations de promotion des études scientifiques auprès des filles.

Aujourd’hui elle suit une formation à l’Essec pour se préparer à entrer dans des conseils d’administration. L’objectif ?  «Avoir de l’impact au-delà d’Engie». Du temps d’étude volé à ses flâneries au département des antiquités égyptiennes du Louvre qui lui révèlent à chaque fois «toute la beauté que les hommes peuvent faire naître avec peu de choses». Et lui donne la confiance de croire que le combat pour une terre vivable n’est pas perdu.

Avec qui elle rêverait de travailler ?

"Albert Einstein. J’aimerais échanger avec cet esprit brillant sur le changement climatique car c’est un problème technique et politique. Par sa façon disruptive d’aborder les sujets complexes, il aurait sans doute des idées intéressantes. J’en profiterais pour lui dire de mieux se comporter avec sa femme Mileva également physicienne. Elle l'a aidé à écrire ses articles et il ne la pas valorisé."


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