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Désormais un classique de l’analyse de la situation des femmes au travail, l’étude Women in the Workplace décrit la situation en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et a pour objectif de "fournir aux sociétés une perception de la situation ainsi que des outils pour faire progresser la diversité au travail", indiquent les auteurs. "Elle a été initiée en 2015, rappelle la consultante, en partenariat avec Lean In (En avant toutes, ndlr)." Ce puissant réseau féminin avait été créée deux ans plus tôt par Sheryl Sandberg, alors directrice générale de Facebook, pour encourager le leadership féminin, notamment grâce à des actions de mentorat.
Pour la nouvelle édition de cette étude, 27.000 salariées ont été interrogées dans 276 entreprises employant 10 millions de personnes dans le monde. Une véritable somme, qui prend en compte tous les aspects de la diversité. "Globalement, la situation s’améliore, résume Sandra Sancier-Sultan. Les entreprises ont investi sur les questions de diversité et les résultats sont perceptibles. On compte aujourd’hui 28% de femmes dans les directions, contre 17% seulement en 2015." Une progression significative qui, souligne-t-elle, "est très inspirante, car nous n’y sommes pas encore en Europe".
L’étude déconstruit surtout quatre mythes, explique Sandra Sancier-Sultan. Le premier: les femmes seraient moins ambitieuses que les hommes. "En réalité, les femmes sont aussi ambitieuses, et cela quel que soit leur âge." A 96%, les employés, hommes ou femmes, considèrent que la carrière est une question importante. Et 81% d’entre eux, hommes ou femmes, souhaitent être promus à l’échelon supérieur. Mieux encore: pour les femmes, ce dernier chiffre est bien supérieur à ce qu’il était avant la crise du Covid-19 (70% en 2019).
Deuxième mythe: le plafond de verre serait le principal obstacle aux carrières des femmes. "Aux Etats-Unis, ce n’est plus le cas, indique Sandra Sancier-Sultan. L’étude pointe plutôt l’échelon brisé comme premier obstacle rencontré par les femmes." Concrètement, il s’agit de la première promotion vers un poste de manager: pour 100 hommes nommés, il n’y a que 87 femmes, et l’écart se creuse au fur et à mesure, une observation "encore plus vraie pour l’intersectionnalité", souligne la senior partner. Avant de préciser: "Les hommes sont généralement promus pour leur potentiel, alors que les femmes le sont pour ce qu’elles ont déjà fait. C’est sur ce premier échelon qu’il va falloir se battre."
Troisième mythe: les micro-agressions auraient un "micro" impact. Couper la parole, faire des remarques vestimentaires, attribuer à quelqu’un d’autre une idée émise par une femme, mettre en cause son point de vue, la considérer comme une "junior". Tout cela, au contraire, pèse lourd dans l’attitude des femmes au travail, amplifiant par exemple les risques de burn-out: "C’est la première fois que l’on mesure les effets de ces micro-agressions qui, concrètement, ont un impact majeur et limitent les chances de succès des femmes", résume Sandra Sancier-Sultan.
Enfin quatrième mythe: la flexibilité du travail profiterait surtout aux femmes. Faux : "Les hommes comme les femmes considèrent que c’est l'un des principaux atouts proposés par les entreprises", souligne la consultante. Seulement 11% des femmes et 9% des hommes craignent désormais que cela pèse de façon défavorable sur leur évolution de carrière. Une liste de bonnes pratiques du télétravail figure donc en bonne place parmi les recommandations formulées par le cabinet de conseil pour réduire les biais au sein des entreprises.
Source: Challenges