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Ce droit, qui n’est pas le congé maternel ou paternel, permet aux parents salariés de réduire, voire cesser, leur activité professionnelle durant trois années en touchant un peu plus de 400 euros mensuels.
« Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à un congé parental plus court mais mieux indemnisé pour laisser un vrai choix aux familles ? », s’est interrogée Aurore Bergé, ministre des solidarités et des familles nouvellement nommée, dans un entretien accordé à Ouest France, mardi 25 juillet. Si la possibilité de réduire cette durée a heurté, notamment à gauche, le congé parental, tel qu’il a été réformé en 2015, soulève de nombreux enjeux : indemnité jugée trop faible, surreprésentation des mères, difficulté à inciter les pères…
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Les congés maternel ou paternel et le congé parental sont deux dispositifs distincts, qui peuvent se succéder.
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· Sans surprise, ce sont en grande majorité les mères qui ont recours au congé parental. Une étude réalisée par deux chercheurs de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), parue en 2021, chiffre à 0,8 % le recours au congé parental à taux plein (synonyme de cessation d’activité professionnelle) chez les pères pour le premier enfant. Ce taux est de 13,7 % chez les mères. Une situation que Mme Bergé a jugée « doublement insatisfaisante ».
· Si davantage de mères prennent des congés parentaux que les pères, la durée de leurs congés est aussi plus longue. Pour un premier enfant, une mère prend en moyenne quatre mois de congé à taux plein contre à peine plus de trois mois pour un père. Cette différence doit être réduite selon plusieurs responsables associatifs qui appellent de leurs vœux une réforme du congé parental.
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· La loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes votée en 2015 visait à « encourager le recours des pères au congé parental afin qu’ils consacrent davantage de temps aux tâches parentales et, d’autre part, d’inciter les mères à retourner sur le marché du travail plus rapidement afin de contribuer à la réduction des inégalités professionnelles liées à l’arrivée d’un enfant », rappellent les chercheurs Hélène Périvier et Gregory Verdugo, auteurs de l’étude de l’OFCE.
· Dans les faits, la réforme a transformé les six mois de congé à se répartir en six mois pour chaque parent, renouvelables deux fois. De plus, il était possible de prendre un congé pendant trois ans consécutifs mais la réforme a limité à deux années pour un parent, qui peuvent être complétées par une année prise par le second parent. « L’objectif était d’encourager au moins 100 000 pères par an à prendre un congé parental, soit 25 % des pères », rappellent les auteurs. Un objectif encore très lointain.
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Hélène Périvier met en avant les raisons du non-recours au congé parental par la quasi-totalité des pères : « Le congé parental engendre des baisses de revenus. Or, dans un couple, c’est souvent l’homme qui gagne plus que la femme, donc c’est la mère qui a le plus recours à ce congé. » Pourtant, les pères travaillant à temps partiel semblent avoir un intérêt : en plus de l’indemnité de congé, ils conservent leur rémunération. Or, les chercheurs estiment que 68,7 % des pères travaillant à temps partiel en 2017 et ayant un enfant âgé de moins de douze mois n’ont pas demandé à percevoir l’indemnité, contre un quart des mères. « Le non-recours des pères travaillant à temps partiel suggère que le niveau d’indemnisation du congé n’est pas le seul facteur déterminant », concluent les auteurs. Selon eux, une « campagne d’information et de sensibilisation pour contrer l’association du congé parental aux mères pourrait permettre de réduire le biais de genre qui affecte ce dispositif ».
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Si la situation est loin d’être égalitaire en France, des pays se distinguent par une meilleure répartition du congé parental. Les modalités sont propres à chaque système mais le congé parental a été rendu obligatoire dans l’Union européenne en 2010 et une directive adoptée en 2019 garantit quatre mois de congé parental pour chaque parent, dont deux non transférables. Néanmoins, le droit européen ne garantit aucune rémunération.
« Les pays scandinaves mais aussi l’Allemagne et ceux du Sud, comme l’Espagne, ont réussi à trouver un meilleur équilibre genré dans le congé parental », constate Mme Périvier. Pour les parents allemands et scandinaves, le niveau d’indemnisation est fondé sur le salaire passé. Mais cette répartition genrée plus équilibrée qu’en France s’explique aussi par des normes éducatives différentes. « Dans un pays scandinave, les parents ne confient pas leur enfant à quelqu’un avant un an. Alors qu’en France, nous ne sommes pas considérés comme un mauvais parent si on laisse son enfant à la crèche », analyse l’économiste.
Le Luxembourg est le seul pays européen dont plus de pères que de mères bénéficient d'un congé parental
Mais « peu de pays ont choisi d’offrir des services similaires de courte durée et bien rémunérés. Au lieu de cela, les réformes récentes permettent aux pères de prendre des périodes de congés plus longues (…) mais offrent des niveaux de prestation beaucoup plus faibles », notent les deux chercheurs. Ils prennent l’exemple du Royaume-Uni, où les parents ont huit mois à se partager pour 600 euros mensuels, de l’Italie, avec onze mois pour 30 % du salaire précédent, et de la France, avec 400 euros mensuels pendant trois ans.
Source : Le Monde