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Les femmes travaillent plus souvent le samedi et le dimanche tandis que les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit.
Travailler avant 7 heures le matin, après 20 heures le soir, la nuit ou bien le week-end… Ces horaires dits « atypiques » concernaient 36 % des salariés en France en 2019, selon une étude publiée mercredi 27 avril par l’Institut national d’études démographiques (INED). Une proportion « massive », selon Anne Lambert, sociologue et autrice de cette étude, interrogée mercredi sur France Inter. Le chiffre est stable sur la dernière décennie, selon le rapport de l’INED, mais en augmentation sur vingt ans, notamment en raison de l’ubérisation de l’économie et du développement du travail le samedi et le dimanche.
Il cache surtout des réalités divergentes entre les niveaux de qualification, et entre les sexes. Selon l’un des principaux enseignements de cette étude, les femmes sont désormais proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler avec des horaires atypiques (37 % contre 35 %). Parmi elles, les moins qualifiées sont les plus concernées et celles dont l’exposition aux horaires atypiques a le plus augmenté. Les cadres, à l’inverse, connaissent une « relative normalisation de leurs horaires de travail », mais doivent toujours composer avec des horaires « imprévisibles et variables ».
« La part des femmes cadres en horaires atypiques diminue de 23 % entre 2013 et 2019 tandis qu’elle augmente de 11 % pour les ouvrières non qualifiées. Chez les hommes, la polarisation sociale est moins marquée. La part des cadres en horaires atypiques diminue de 14 % tandis que celle des ouvriers non qualifiés stagne », constate l’étude, réalisée à partir des enquêtes « Conditions de travail » de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques.
L’étude explique :
« D’un côté, les politiques de conciliation du travail et de la famille dans les grandes entreprises ont pu contribuer à améliorer les conditions de travail des plus qualifiées (…). De l’autre, les femmes peu qualifiées sont surreprésentées dans les métiers du commerce où le travail dominical a progressé (vendeuse, agent de nettoyage…) ainsi que dans les métiers des services à la personne (aide-soignante, aide à domicile, aide ménagère), où les horaires atypiques sont structurels. »
« Toutefois, tandis que le travail du soir et de nuit a légèrement reculé entre 2013 et 2019, le travail du samedi, du dimanche et du matin (de 5 heures à 7 heures) a augmenté pour certaines catégories de salariés », selon l’étude. Les auteurs y voient une conséquence des lois qui ont étendu le recours dérogatoire au travail dominical et favorisé la modulation du temps de travail.
Là encore, les différences sont marquées entre les sexes. Les femmes travaillent plus souvent le samedi et le dimanche tandis que les hommes restent proportionnellement plus nombreux à travailler tôt le matin, le soir et surtout la nuit. Leur exposition aux horaires atypiques tend cependant à se réduire.
Parmi ces salariés soumis à des horaires atypiques, nombreux sont ceux qui cumulent d’autres contraintes : des horaires variables d’un jour sur l’autre pour 35 % d’entre eux, des journées discontinues, avec des interruptions de travail d’au moins trois heures (9 %) ou encore des horaires connus au maximum la veille (12 %). L’association entre les horaires atypiques et le sexe varie à la fois selon la catégorie socioprofessionnelle et selon le secteur d’activité, note également le rapport de l’INED. « Les ouvrières non qualifiées travaillent fréquemment comme agentes d’entretien tandis que les hommes sont plus souvent manœuvres dans le BTP, où les heures diurnes et en semaine sont plus fréquentes », cite en exemple l’étude.
Là encore, les femmes peu qualifiées sont particulièrement concernées. Les ouvrières et employées non qualifiées font ainsi plus souvent face à des journées discontinues et des horaires imprévisibles. Selon l’étude, ce groupe des « petits temps fragmentés et horaires imprévisibles » rassemble 18 % des salariés.
L’étude ne permet cependant pas de savoir si ces horaires atypiques sont le fruit d’un choix des salariés ou d’une contrainte. Sur France Inter, Anne Lambert a évoqué une proportion de deux tiers des salariés qui y seraient contraints. Parmi le tiers des personnes qui en font le choix, la sociologue estime qu’il s’agit majoritairement de femmes avec de très jeunes enfants.
Source : AFP