L’indépendante d’esprit Céline MAS, Présidente d’ONU Femmes France et tête bien faite à la recherche de l’impact positif


16 Septembre 2020

Au bout de plus d’une heure d’entretien avec Céline MAS, on est frappé par la qualité de ses analyses. Rien de plus surprenant pour cette adepte de la méritocratie qui croit beaucoup à la vertu du travail. Empathique et très à l’écoute, la Présidente de ONU Femmes France est très attachée à son indépendance d’esprit afin de se forger ses propres décisions tout en restant toujours à l’écoute. 

 

La  tête bien faite qui veut avoir un impact sociétal

 

Toute petite, Céline MAS s’intéressait déjà à beaucoup de choses « En fait, je m’intéressais au fait d’apprendre avant tout. J’ai adoré étudier. Ne venant pas d’un milieu favorisé, tout a été acquis grâce à l’apprentissage. »  Après avoir obtenu des diplômes des grandes écoles et universités françaises (Sciences Po, Essec et la Sorbonne (CELSA)), elle s’est formée aux fondamentaux du coaching et de la prospective. Et comme si cela ne suffisait pas, elle suit actuellement des formations en sciences cognitives et neurosciences.

 

Dès le début de sa carrière, Céline MAS a beaucoup travaillé pour la réussite professionnelle et aujourd’hui la dirigeante veut avoir un impact sociétal. « Après 7 à 8 ans de vie professionnelle épanouie où je me suis prouvée certaines choses et affermi certaines expertises, j’ai commencé à me recentrer sur ce qui était le plus important, c’est à dire en bref contribuer, à mon niveau, à des projets qui créent de l’impact positif pour des organisations publiques et privées, et la société affirme Céline MAS avant de poursuivre Entre les deux, j’ai été lanceuse d’alerte sur un sujet sensible. Expérience qui m’a beaucoup marquée. Ce sont des moments où chacun montre son vrai visage et vous pouvez être surpris. Désormais, je veux me consacrer à l’impact sociétal via Loves for livre, projet que j’ai cofondé autour des émotions de lecture comme leviers de transformation sociale. Le livre tient une place première dans ma vie depuis toujours. Ou encore des missions de conseil via le réseau Return for Society. Et puis ONU Femmes France en tant que bénévole, avec d’autres personnes, nous nous engageons pour l’égalité entre les femmes et les hommes. »

 

Et l’actualité accroît encore son intérêt pour l’impact sociétal « Je veux faire avancer les choses. Je suis consciente de la fragilité de la vie et des menaces qui pèsent sur nous, à commencer par le climat ou les pandémies dont le Coronavirus vient de nous livrer un triste exemple historique. Nous devons évoluer, par choix moral ou, a minima, par nécessité. »

 

Défenseure de la cause féminine bouleversée par feue Samira BELLIL

 

L’adolescente Céline MAS percevait déjà l’inégalité dans son cercle personnel et géographique car être fille ou garçon pouvait avoir des conséquences « Quand nous filles, nous voulions sortir et nous exprimer haut et fort, nous étions jugées bizarrement. Les choses ne sont pas équitables, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte. Les biais inconscients sont nombreux. »

 

Mais dans sa famille, l’engagement est une affaire de famille. « Nous avons toujours donné du temps gracieusement à des causes. Parmi elles, je dois dire que la cause animale et celles des enfants battus ou maltraités me tiennent aussi énormément à cœur. » affirme Céline MAS.



Alors qu’elle vient d’entrer à l’Université, une conférence va accélérer son engagement citoyen « Je me suis engagée autour de 18 ans quand j’étais étudiante à Sciences Po suite à la participation à une conférence de la feue Samira BELLIL, auteure de l’Enfer des tournantes publié en 2002 aux Editions Denoël où elle décrit les viols collectifs dont elle a été victime. Ça m’a fait un électrochoc de voir cette femme victime mais courageuse. Cela m’a donné l’envie immédiate de m’engager plus concrètement dans des associations aussi bien en France qu’en Espagne où j’ai vécu. » relate Céline MAS.

 

Elle va dès lors s’impliquer activement pour la cause féminine. D’abord au sein du think tank Terra Nova en tant que corapporteure d’analyses sur l’égalité remis aux Premiers Ministres. Céline MAS enchaîne avec la co-écriture d’un livre sur les femmes et la politique aux éditions Ellipses (2007) « Je pense que la politique au sens de projet commun est fondamentale pour notre futur et qu’il faut s’y intéresser ». Elle a aussi été membre active de l’association Toutes Femmes Toutes Communicantes, le réseau féminin Communication & Entreprises.

 

Engagement à ONU Femmes France

 

Les femmes représentent un peu plus de la moitié de l’humanité. Si on résout le problème de l’inégalité, on résout beaucoup d’autres problèmes. C’est un enjeu de société, pas un enjeu d’un groupe contre un autre. Les femmes sont aussi au cœur des Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU. Quand on aide les femmes à s’émanciper, cela a des impacts positifs sur d’autres secteurs. L’égalité est une question de droits universels.

 

A ONU Femmes, il y a beaucoup de data (données). D’après l’organisation, il est important pour les actions, de combiner l’émotion (témoignages de vies) et les analyses tangibles, avec, comme piliers de la mesure d’impact, des indicateurs sensibles au genre. Il y en a 54 aujourd’hui sur lesquels s’appuie ONU Femmes.

 

Créée en 2010, l’agence ONU Femmes (UN Women) a aujourd’hui 10 ans. ONU Femmes France a été créée en 2013 par Miren BENGOA et d’autres personnes engagées. En 2016, Pascale BRACQ, autre cofondatrice, propose à Céline MAS de prendre en charge la communication de la structure et tout s’accélère « Je suis devenue Présidente d’ONU Femmes France en 2017, sans l’avoir prévu. J’aime énormément l’environnement ONU : Il y a une grande variété de profils et de visions et je suis très attachée à l’interculturel. J’ai toujours vécu et côtoyé des gens dont la diversité est une richesse. »

 

Pour la Présidente de ONU Femmes France « Les changements sociétaux passent beaucoup par la confiance entre vous, vers les autres, vers nous. Les gens font confiance aux actes parce qu’il y a des preuves et des résultats. La volonté et la sincérité sont essentielles, mais ne suffisent pas dans la durée si elles ne créent pas de changement. »

La Génération Egalité[1] est en marche

A la conférence de BEIJING en 1995, ont été élaborés la déclaration de la plate-forme de BEIJING et le programme d’actions adoptés à l’unanimité par 189 pays sur 12 domaines. Il s’agit de la plus grande avancée au monde en termes de droits des femmes à ce jour.

 

Cette année, ONU FEMMES et les états Français et mexicains devaient organiser (reporter pour cause de COVID-19) deux grandes rencontres, sous forme de forums, avec la société civile autour de Beijing 25 ans après. L’idée est que la société civile se retrouve aux côtés d’Etats et d’entreprises pour permettre d’accélérer les progrès en matière de droits des femmes dans le monde, dans le cadre des Objectifs de Développement Durable 2030.

 

Ces entreprises, Etats et société civile vont s’engager pendant 5 ans dans des coalitions d’action pour que les objectifs soient atteints, en particulier sur 6 sujets : La violence basée sur le genre, la justice économique et les droits économiques, le droit à disposer de son corps et la santé et les droits sexuels et reproductifs, l’action des femmes en faveur de la justice climatique, les technologies et l’innovation au service de l’égalité entre les femmes et les hommes, les mouvements et le leadership féministes.

 

Selon Céline MAS « Si l’on réouvrait aujourd’hui les discussions multilatérales telles qu’à Beijing en 1995, on reculerait probablement. En même temps que Metoo a véritablement libéré et mis en visibilité la parole des femmes et les injustices qu’elles subissent dans le monde, il y a de plus en plus d’attaques, de menaces, de féminicides. Toujours autant de stéréotypes. Tous les pays sont concernés car aucun n’a atteint l’égalité. Il y a des différences toutefois, en fonction des sujets dans chacun des pays.  Rappelons-nous une chose : Chaque fois que les droits des femmes progressent, des contre-pouvoirs tentent de les affaiblir. La vigilance doit être permanente. »

 

TT