Chargement
Un rapport se penche sur un phénomène d’ampleur inédite : les démissions de femmes cadres qui ne se reconnaissent plus dans le modèle proposé par leur entreprise.
Parallèlement à la « Grande Démission » et au « quiet quitting » qui le bouleversent, le monde du travail est-il à l’aube d’une « Grande rupture » ? C’est le constat dressé par le rapport McKinsey/LeanIn, qui observe un phénomène massif de démissions des femmes cadres en Amérique du Nord : « Les femmes en attendent plus de leur travail et quittent leur entreprise dans des proportions inédites pour pouvoir obtenir ce qu’elles veulent. »
Pour ces collaboratrices, le fait que leur entreprise priorise la flexibilité, le bien-être de ses employés, la diversité, l’égalité et l’inclusion, prend de plus en plus d’importance. Et elles n’hésitent pas à claquer la porte quand ces conditions ne sont pas réunies.
Ces comportements ont des répercussions dommageables pour les entreprises : un creusement des inégalités professionnelles, alors que les femmes sont déjà sous-représentées à ces postes de cadres. Et cela se joue dès les premiers échelons hiérarchiques : pour 100 hommes qui deviennent managers, on compte 87 femmes promues. Ce déséquilibre se retrouve au plus haut niveau des organisations : dans les Comex, seul un siège sur quatre revient à une femme.
Le rapport met en lumière l’augmentation du turnover des femmes cadres dirigeants, qui est bien supérieur à celui de leurs homologues masculins, et n’a cessé de progresser au cours des dernières années. Pour une femme nommée à un poste de direction, deux quittent l’entreprise.
Si ces femmes délaissent ces postes à responsabilités, ce n’est pas par manque d’ambition, comme certains se plaisent à le croire. Mais bien parce qu’elles sont confrontées à des difficultés qui concernent moins les hommes.
Le rapport en dénombre trois principales :
– le manque de perspectives d’évolution, cité par 48% des femmes interrogées. S’y ajoutent des « microagressions » de la part de personnes de leurs équipes mettant en cause leurs décisions ou leur autorité. L’étude met en avant que les femmes cadres sont deux fois plus susceptibles que leurs alter ego masculins d’être contestées par un collaborateur junior.
– le manque de reconnaissance par rapport à leur investissement au travail : l’enquête révèle que les femmes managers investissent énormément de temps et d’énergie dans les solutions pour favoriser le bien-être de leurs équipes et les sujets de diversité, d’égalité et d’inclusion au travail. Des facteurs clés de rétention des talents. Pourtant 40% des femmes leaders affirment que leur travail en matière d’inclusion et de diversité n’est pas pris en compte dans la mesure de leur performance. Autre chiffre qui prouve que ces femmes ont une charge mentale très lourde à supporter : 43% d’entre elles sont en situation de burn out, pour 31% des hommes. A la maison, le tableau n’est pas plus rose : plus un homme gravit les échelons dans son entreprise moins il s’investit dans les tâches domestiques. Un surplus qui incombe aux femmes, qui continuent de s’investir autant dans la sphère privée, quel que soit leur niveau de responsabilités.
– un désalignement avec la culture d’entreprise : les femmes cadres accordent bien plus d’importance que les hommes aux mêmes postes à la flexibilité ou à l’engagement de leur entreprise sur les volets de l’inclusion et de la diversité. 49% de ces femmes déclarent que la flexibilité figure parmi leurs trois critères prioritaires pour décider de rejoindre ou de rester dans une entreprise. Dans le même ordre d’idées, elles plébiscitent le télétravail. Seule une femme sur 10 parmi celles interrogées souhaite travailler principalement en présentiel.
Le rapport met en garde les employeurs : « Si les entreprises ne réagissent pas, elles ne vont pas seulement perdre leurs femmes managers, elles risquent de perdre aussi les prochaines générations de femmes managers. »
*Le rapport Women in the Workplace 2022, publiée par McKinsey et LeanIn, se base sur des informations communiquées par 333 entreprises employant 12 millions de personnes et des questionnaires adressés à 40 000 collaborateurs américains et canadiens.
Source : Hello WorkPlace