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Que #MeToo n’ait servi à rien, sinon à dresser les hommes contre les femmes, est une contre-vérité. Autant dire que l’agitation des femmes occidentales censées avoir déjà tellement tout a plutôt tiré la problématique jusque dans les pays émergents, et bénéficié aux femmes de tous horizons. La récente étude Prosumers®️ internationale BETC-HAVAS sur les femmes le confirme. 90% des femmes et 86% des hommes pensent qu’hommes et femmes devraient avoir les mêmes droits. En Arabie Saoudite, au Qatar, les scores dépassent 75%. Affaire classée ? Évidemment non, mais les consciences progressent et si le chemin paraît encore pavé d’obstacles, plus personne n’ose nier qu’il y a un chemin.
À la surface du globe, les endroits où on ne connaît pas ce hashtag metoo vont se raréfier. L’étude -8000 personnes sur 10 pays -France, USA, Chine, UK, Brésil, Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Qatar, Espagne, et Inde- apporte un fait nouveau : la déferlante #MeToo a pénétré les endroits où culture et religion s’érigeaient auparavant en remparts puissants au changement.
Autre point crucial : les hommes savent. Ils savent que la dynamique est inéluctable. Dans beaucoup d’endroits il est devenu politiquement incorrect d’afficher une opposition à l’égalité. La conversion des hommes à l’égalité progresse. Et ça aide. Elle comporte un renoncement à des privilèges qui ne se fera pas sans douleur, et exige une reprogrammation intime que beaucoup peinent à mener.
Autre surprise, et c’est la première fois, le regard porté sur la maternité : pour ¾ des interviewées la maternité ne définit plus la femme. Et ce même si le champ de la famille et de la parentalité apparaît prioritaire pour avancer. Les femmes considèrent à 77% que si les hommes jouaient pleinement leur rôle parental, elles n’auraient plus à choisir entre carrière et famille, et les hommes l’admettent à 67% (moyenne des pays sondés). Un « new deal » de la famille, avec partage plus équitable des tâches, semble partout un passage obligé.
Côté travail, les femmes se débarrassent de leurs oripeaux -déficit de confiance en soi, syndrôme de l’imposteur, moindre ambition- et ont des audaces nouvelles. Elles pensent à 75% mériter leur situation professionnelle, demandent plus spontanément une augmentation (46% de femmes contre 49% d’hommes). Leur présence en entreprise fait bouger les valeurs managériales : inventivité, co-construction, courage, attention à l’autre. Elles sont jugées plus créatives, qualité des plus prisées pour le futur des entreprises. Les plus paritaires d’entre elles seront les mieux placées pour réussir à l’avenir. L’equal pay ne fait plus discussion : pour 86% des hommes et 91% des femmes, les deux sexes devraient être rétribués à égalité. Enfin, les quotas gagnent du terrain : aujourd’hui 67% des femmes et 57% des hommes pensent qu’on devrait les instaurer dans les COMEX. Le grand rattrapage a commencé.
En amont, le levier le plus déterminant reste l’éducation, pour environ ¾ des sondés : s’assurer que les filles ne quittent pas l’école prématurément, encourager leur montée dans les disciplines d’avenir (la tech, les sciences…). Encore faut-il que ces objectifs figurent dans l’agenda des gouvernements.
Dans ce paysage international, la France garde une certaine hypocrisie. Elle croit être un pays d’égalité des sexes mais n’a pas vu passer tous les trains, a bien agi sur certains fronts et pas assez sur d’autres. La séduction à la française nourrit encore des stéréotypes chez les boomers, restés en arrière sur #metoo.
Ne soyons pas naïfs, les combats restent essentiels pour transformer la réalité mais il n’en reste pas moins que l’avancée des consciences devrait nous y aider.
Source : Mercedes ERRA, Présidente et fondatrice de BETC Groupe, Présidente du Conseil d’Administration du Musée National de l’histoire de l’immigration.