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« Si je l’ai fait, vous pouvez y arriver » Tel est le message fort de cette femme sans réseau, venant de province, d’un milieu très éloigné de la finance, ayant grandi en Afrique et qui n’a jamais cherché à être dirigeante ou membre du Comité de Direction d’une entreprise du CAC 40.
Même si ce n’était pas vraiment pour elle une projection de parcours, la réalité est là aujourd’hui. Depuis janvier 2017, Sylvie PREA née CASADEMONT est bien la Directrice RSE et membre du CODIR du Groupe Société Générale, l’une des banques françaises de premier plan qui fait partie du club très envié des 40 plus grandes entreprises françaises cotées à Euronext, première place boursière de l’Hexagone.
Entretien exclusif avec cette dirigeante, membre du Top 60 des principaux dirigeant.e.s de Société Générale, dont l’énergie positive est légendaire.
L’enfance en Afrique impacte l’ouverture et le parcours académique
Parce qu’il fallait suivre ses parents, Sylvie PREA née CASADEMONT a vécu en Afrique notamment au Cameroun jusqu’à l’âge de 11 ans où elle fréquentait à l’Ecole Urbaine de Yaoundé. Son père travaillait dans le cadre de la coopération technique inter-gouvernementale dans le domaine des travaux publics entre la France et l’Afrique et sa mère exerçait une fonction de professeure scientifique dans l’éducation publique. Sylvie PREA née CASADEMONT le reconnait « cela a eu un impact important en termes d’ouverture et de référence sur l’ensemble de mon parcours et de mon approche du monde. Ce contexte dans lequel j’ai grandi a conditionné mon intérêt très fort pour les problématiques de l’économie et de développement international. A mon retour en France, je me suis donc orientée vers des études en économie internationale, spécialisées dans les problématiques de développement. »
Après une Maîtrise de Sciences Economiques validée en 1984, elle obtient l’année suivante le Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) de Commerce Extérieur de la Sorbonne.
Le business au service du développement
A la fin de ses études, Sylvie PREA née CASADEMONT est recrutée à la Société Générale. Un an plus tard, elle intègre le Département de la banque en charge du financement international. Elle va travailler, pendant 17 ans, sur les solutions d’accompagnement, d’investissement ou de financement des infrastructures, du développement industriel, de négoce international, en totale cohérence avec ses aspirations.
Sylvie PREA née CASADEMONT précise « mon expérience était très concrète, avec beaucoup de missions sur le terrain, dans tous les secteurs financiers. Je garde aussi de très bons souvenirs des relations nouées avec les personnes rencontrées dans cette période, que ce soit au Brésil dans mes fonctions relatives aux matières premières agricoles, en Algérie pour des projets d’infrastructures, à Hong Kong sur le secteur énergétique, etc. J’ai eu beaucoup de chance finalement, car cette vocation de contribuer au développement, née dans ma jeunesse, a pu se concrétiser dans mon expérience professionnelle. »
DRH à 40 ans
Dans le cadre de ses missions, elle a effectué des fonctions de management incluant le recrutement, la formation et la gestion des jeunes recrues au niveau international et dans différents départements de la banque. Ceci explique pourquoi, on lui propose un poste de Directrice des ressources Humaines à 40 ans au moment où la banque prenait conscience de l’atout d’avoir des profils de DRH venant du business. Sylvie PREA née CASADEMONT rappelle le contexte de ce changement dans son parcours professionnel « J’ai donc ainsi commencé la deuxième partie de ma carrière, qui là encore avait un lien avec le développement, mais cette fois avec l’humain au cœur. C’est pour moi un des rôles les plus stratégiques dans une entreprise car il faut prendre soin du capital humain, des collaborateurs, gérer et transformer les organisations, travailler de manière transversale, se frotter à une diversité de cultures et à des cycles de vie d’une entreprise (des périodes de forte croissance à des moments de crise, de fusions d’activités, etc). Cette fonction requiert aussi une approche très stratégique des métiers, de la culture et de l’éthique de l’entreprise, de la diversité et de l’inclusion. »
Elle devait rester trois à quatre à ce poste de ressources humaines. Mais finalement, elle a passé quatorze ans dans ces fonctions RH occupant quatre poste différents. Le dernier était celui de Directrice des Ressources Humaines de la Banque d’Investissement de Société Générale de 2012 à 2016 où elle gérait près de 500 personnes placées directement sous sa responsabilité et 20 000 collaborateurs dans plus de 50 pays.
Pour Sylvie PREA née CASADEMONT « Ce n’est pas toujours facile pour un responsable business de s’accomplir dans des fonctions plus éloignées du client. Moi, j’y ai pris beaucoup de plaisir. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour saluer mes collègues de la fonction RH qui font un travail formidable sur tous nos continents, en particulier dans cette crise sanitaire sans précédent du COVID-19 que nous vivons, soutenant et protégeant nos équipes dans ces moments difficiles et inédits. »
2017, l’année de la consécration
Après le développement du business et du capital humain, débute une réflexion sur ses aspirations pour la suite de sa carrière et l’évolution vers d’autres challenges. Très vite Sylvie PREA née CASADEMONT s’oriente vers l’utilisation de son expérience et ses compétences diversifiées au service de la dimension sociale et environnementale du Groupe. Elle souhaite apporter à la mission RSE, sa bonne compréhension du business et de l’activité bancaire, une vision économique et stratégique, des compétences RH et un réseau interne très développé dans les différentes entités métiers et géographies du groupe.
Après avoir partagé son projet avec Didier VALET, son manager de l’époque et Responsable de la banque d’investissement du Groupe, ce dernier l’encourage à le présenter en direct au plus haut niveau de la banque et à faire acte de candidature auprès de Frédéric OUDEA, CEO de Société Générale, pour le poste de Directrice RSE du groupe.
Sylvie PREA née CASADEMONT se souvient de cet entretien avec le big boss « Frédéric OUDEA a écouté attentivement mon projet, me partageant sa propre vision de la RSE et son souhait d’embarquer toute la banque par l’angle des entités elles-mêmes, et par conséquent de maintenir une équipe RSE centrale en nombre limité et dans un rôle d’impulser, de coordonner et accompagner le déploiement de la stratégie RSE dans tous les métiers et toutes les géographies. C’était en effet un challenge et un gros changement de positionnement pour moi car l’équipe directe se composait alors d’une dizaine de personnes expertes et cela impliquait de définir une bonne gouvernance et un mode d’interaction pour diffuser cette culture à tous les niveaux. J’ai accepté le challenge. »
En janvier 2017, elle est nommée Directrice RSE pour déployer, accompagner et diffuser l’ambition RSE dans toutes ses thématiques à travers toute l’organisation de l’entreprise. Cette nomination s’accompagne d’une entrée dans le Top 60 du Groupe. Sylvie PREA née CASADEMONT devient également membre du Comité de Direction du Groupe Société Générale, un signal fort de l’importance stratégique de la fonction ainsi donné par Frédéric OUDEA.
Sa vision de la RSE
Pour la Directrice RSE, la Responsabilité Sociétale des Entreprises est un sujet d’envergure dont la prise de conscience, partout et par tous, a pris beaucoup d’ampleur ces derniers années, que ce soit sous l’angle climatique ou social … sans parler de la crise sanitaire actuelle, hors norme, qui accentue encore la résonnance de ces sujets sur le plan mondial.
Partant de ce constat, il était donc clair pour elle, dès sa prise de fonction, que les notions d’engagements responsables environnementaux et sociaux devaient s’intégrer aux enjeux économiques et financiers de la banque : Etre conscient de la dimension globale, être connecté à l’ensemble des parties prenantes et construire la trajectoire de banque responsable.
Sylvie PREA née CASADEMONT précise « Pour moi, la RSE se situe à la fois « au-dessus » de l’entreprise, c’est-à-dire qu’elle dépasse l’entreprise, l’entraînant dans une dynamique qui la relie au monde au sens le plus large du terme mais La RSE doit également se positionner au « cœur profond » de l’entreprise pour y insuffler le goût de ce qui rendra son activité la plus durable possible, et en même temps se situer au cœur des relations de l’entreprise partout dans le monde parce que pleinement imprégnée d’une dimension qui dépasse chacun là où il est. »
Raison d’être et RSE en actions à la Société Générale
Dans le cadre du baromètre collaborateurs annuel 2019, la banque a posé une question ouverte sur son rôle. 53 % des répondants ont placé la responsabilité au 1er rang. La Responsabilité est une des 4 valeurs du groupe.
Tout récemment, la raison d’être de Société Générale a été annoncée et s’incarne par cette phrase : « Construire ensemble, avec nos clients un avenir meilleur et durable en apportant des solutions financières responsables et innovantes. ».
Dès 2017, l’ambition RSE de la Banque a été intégrée dans le plan stratégique « Transform to Grow 2020 » présenté aux marchés. Par ailleurs, l’atteinte des objectifs de banque responsable fait partie de la rémunération des membres du CODIR du Groupe et des mandataires sociaux, sous la forme d’un positionnement d’un niveau minimum de rating externe extra-financier sur la performance RSE.
De façon plus concrète, la banque aborde la RSE sous trois dimensions : Son impact d’entreprise (à la fois dans son rôle d’employeur responsable et de sa propre empreinte carbone), son portefeuille d’activités (responsabilité dans les opérations, les relations avec les clients et les pays d’implantation) et enfin la gestion des relations avec ses fournisseurs.
Selon Sylvie PREA née CASADEMONT « en tant que banque, notre portefeuille de financements ou d’investissements reflète tous les secteurs d’activité et notre approche d’impact positif s’exerce en orientant les flux financiers conformément à notre stratégie RSE. Par exemple, quand nous décidons de contribuer à lever 100 Milliards d’euros à horizon 2020 pour financer la transition énergétique, et que nous prolongeons, une fois l’objectif atteint, notre engagement d’intervenir jusqu’à 2030 ; ou quand nous annonçons une sortie totale du charbon en 2030 sur les pays OCDE et en 2040 sur les autres géographies. »
Sa nomination en 2017 a d’ailleurs coïncidé avec l’élaboration de la nouvelle feuille de route RSE du Groupe. Une grande enquête a été menée auprès des parties prenantes internes et externes (collaborateurs, clients, fournisseurs, ONG, monde académique, investisseurs et actionnaires) aussi bien en France qu’à l’international.
Cette consultation a permis à la Société Générale de définir les six axes majeurs de son ambition RSE 2017-2020, déclinée à la fois sur la façon de faire le métier et à la fois sur les impacts positifs auxquels elle souhaite contribuer.
Ces six axes sont :
La satisfaction et la protection du client : La loyauté des pratiques, le pacte de confiance et la protection du client avec un focus sur la cybersécurité,
La culture de l’éthique et de la responsabilité, incluant la maîtrise des risques environnementaux et sociaux, le programme de « culture et conduite » mené par le groupe en est une illustration,
Le rôle d’employeur responsable : La responsabilité d’accompagner les collaborateurs dans les grandes phases de transformation de la banque, veiller aux parcours de carrière adaptés, à la montée en compétences en lien avec les nouveaux enjeux, aux programmes de formation adaptés, l’engagement des collaborateurs, mesuré chaque année grâce au baromètre « collaborateurs » ; veiller à la diversité et à l’inclusion,
L’engagement dans la lutte contre le changement climatique : Société Générale se positionne comme une banque de l’énergie et s’engage pour assurer une transition écologique juste et inclusive,
L’accompagnement des nouvelles tendances sociétales : La nouvelle mobilité, les villes soutenables, l’économie circulaire, l’inclusion financière, etc.
L’accompagnement du développement durable de l’Afrique avec son initiative « Grow With Africa » en novembre 2018. Société Générale est l’une des seules banques internationales présentes avec un réseau à grande échelle sur le continent africain, avec parfois plus de 100 ans de présence dans certains pays, plus de 12 000 collaborateurs dans 19 pays (pays du Maghreb et d’Afrique Sub-saharienne). Ce programme Grow with Africa s’articule autour de 4 dimensions clés pour l’Afrique : le financement des infrastructures, le financement innovant pour les secteurs de l’énergie et de l’agriculture, l’inclusion financière (soutenue par YUP, l’offre mobile money de Société Générale en Afrique), et l’accompagnement des PME (avec notamment l’ouverture des Maisons de la PME).
Société Générale a signé, fin 2019, les Principes de Banque Responsable (PRB), définis sous l’égide de l’UNEP-FI, confirmant et renouvelant son engagement pris en 2015 de respecter les Accords de Paris.
Fin 2020 début 2021, le Groupe va lancer son nouveau plan stratégie 2021 – 2025. L’axe RSE a été annoncé par Fréderic OUDEA comme un des trois axes majeurs de ce nouveau plan.
2019 : L’année des distinctions
Les initiatives de la banque en matière de RSE ont été récompensées l’année dernière par plusieurs organisations.
Depuis deux ans, Société Générale publie un rapport intégré[1], qui présente l’activité de la banque dans toutes ses dimensions (économique, financière, environnementale et sociale) et sa chaîne de valeurs pour toutes nos parties prenantes. Le Groupe a reçu le Prix de « l’ambition RSE la plus intégrée » à la stratégie d’entreprise d’un grand groupe européen remis par l’Institut du Capitalisme Responsable.
Le Groupe a été classé, par l’agence de notation extra-financière RobecoSam, première banque sur 175 banques mondiales pour sa dimension environnementale.
La Société Générale a reçu à Londres lors des Euromoney Awards For Excellence 2019, le prix de Meilleure Banque en Afrique pour la responsabilité d’entreprise (Africa’s best bank for corporate responsibiility 2019)
Pour Sylvie PREA née CASADEMONT « Toutes ces distinctions nous honorent et nous obligent. Il reste encore beaucoup de challenges à relever mais il faut savoir aussi se réjouir collectivement des progrès réalisés. Je suis fière de ma formidable « petite » équipe RSE centrale et de toute notre filière RSE totalement engagée, de la façon dont les diverses entités en France et à l’étranger s’emparent de tous ces sujets pour en faire des opportunités de business et d’innovation au service du développement et de nos clients. Le besoin de sens est fort dans nos métiers de banquiers, et il est essentiel d’embarquer toutes les équipes dans des réalisations concrètes et à la portée de tous : En faveur d’une activité responsable et à impact positif, dans ses actions au quotidien, dans son engagement citoyen (plus de 20 000 collaborateurs du groupe ont mené en 2019 une action de solidarité dans nos différents pays). Les jeunes générations sont également très sélectives dans le choix de l’entreprise qui va les employer, attendant que leurs futurs employeurs vivent ces dimensions dans leur réalité au-delà d’un discours mobilisateur, nous devons à toutes nos parties prenantes une totale transparence de nos actions. »
TT