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Violences conjugales en France: 146 femmes tuées par leur compagnon ou ex-conjoint en 2019


Violences conjugales en France: 146 femmes tuées par leur compagnon ou ex-conjoint en 2019
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  • 18 Août 2020

Le ministère de l’Intérieur, qui publie chaque année une étude sur le sujet, pointe une nette augmentation (+28) par rapport à 2018.

En 2019, 173 personnes ont été tuées par leur partenaire ou leur ancien partenaire de vie (conjoint, concubin…). Dont une écrasante majorité de femmes (146, soit 84 %, pour 27 hommes). Et une écrasante majorité d’hommes (88 %) parmi les auteurs. Statistiquement, en France en 2019, une femme est donc morte sous les coups de son partenaire ou ex-partenaire tous les deux jours et demi.

Ces chiffres glaçants sont issus de l’étude du ministère de l’Intérieur relative aux morts violentes au sein du couple sur l’année 2019, établie par la Délégation aux victimes des directions générales de la police nationale et de la gendarmerie nationale. Une étude publiée chaque année depuis 2006. Et qui montre une hausse des décès (149 morts, dont 121 femmes, en 2018). S’y ajoutent 25 enfants victimes en 2019 contre 21 en 2018.

Ces données sont le fruit d’un travail long et minutieux, à partir des morts violentes recensées par les services de police et de gendarmerie, permettant une analyse de chaque décès et une enquête approfondie sur les circonstances, le passé des victimes et des auteurs, etc.

L’étude 2019 révèle que 75 % des décès ont eu lieu au domicile du couple ou de l’un de ses deux membres. 31 % des décès seraient liés à une violente querelle et 20 % à une séparation non acceptée. Une arme blanche a été utilisée dans 36 % des cas et une arme à feu dans 24 %. Détail significatif, la Délégation aux victimes souligne que les femmes visées étaient majoritairement âgées de 30 à 49 ans (42 %) ou de 60 ans et plus (28 %). On retrouve cet élément chez leurs bourreaux: 42 % des hommes âgés de 30 à 49 ans et 32 % âgés de 60 ans et plus. Dans 32 % des cas, le tueur avait consommé de l’alcool (22 %) ou de la drogue (10 %).

Levée du secret médical

Plus effrayant encore: 60 des 146 femmes mortes en 2019 avaient fait l’objet de violences antérieures. 22 s’étaient tues, et ce n’est qu’après leur mort que les enquêteurs ont reconstitué leur calvaire grâce à des témoignages, des dossiers médicaux… Mais 38 avaient témoigné. Et parmi ces 38, 28 avaient déposé plainte contre leur partenaire ou ex-partenaire de vie. Deux auteurs seulement faisaient pourtant l’objet d’un contrôle judiciaire, qui ne les a pas empêchés de passer à l’acte…

Un constat qui rétrospectivement souligne l’importance du Grenelle des violences conjugales, lancé en septembre 2019 par Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Conclu en novembre, ce Grenelle a permis d’adopter une série de mesures en 2020. Ainsi de la loi du 30 juillet 2020 «visant à protéger les victimes de violences conjugales». Elle permet notamment la levée du secret médical, la suppression des droits de visite et d’hébergement. Ainsi que la possibilité pour le policier ou le gendarme enquêtant sur des infractions de violence de saisir «d’office ou sur instructions du procureur de la République, (…) des armes qui sont détenues par la personne suspectée ou dont celle-ci a la libre disposition, quel que soit le lieu où se trouvent ces armes».

Une avancée majeure mais qui n’évitera pas l’utilisation d’objets du quotidien (ustensiles de cuisine, objets contondants, produits inflammables…). D’où la dimension essentielle d’une sécurisation des victimes potentielles. À laquelle s’ajoute la poursuite d’un effort engagé depuis plusieurs années sur la formation des policiers et des gendarmes et un appel aux signalements (plus de 4 000 cas signalés sur la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr depuis sa création en novembre 2018).

Source : Le Figaro


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